May 4, 2024

Interview Art? with Bertrand Fèvre, Photographer and more!


Vivre de sa passion, voire même être sa passion : beaucoup en rêvent, Bertrand le vit. Photographe sensible et homme de révolte, il transperce le monde de son regard bleu humaniste où se mêlent amour, musique, amitié, politique et images. Peu de concessions mais beaucoup d’empathie. Qu’il revête son habit de photographe, de réalisateur ou de galeriste, il est avant tout un passionné, un ami, un confident, un facilitateur ou un compagnon de route.  “L’amour est essentiel à la vie. Et l’art en est sa représentation la plus idéale” dit-il dans ce questionnaire. L’amour au sens large, du jazz, des femmes, du bon temps et des images.

Bertrand Fèvre dans sa galerie Shadows à Arles.

Mais Bertrand ne se contente pas de l’amour. Il lui faut de l’action, du concret, des actes. Est-ce sa passion pour Cuba qui l’a forgé en révolutionnaire ou bien le contraire? Je ne sais pas. Mais lui qui nous dit qu’il aurait aimé oser “cambrioler une banque” pense le monde de la photographie comme la politique :  “L’acte de prendre une photo est un acte communiste. L’acte de vendre une photographie est un acte capitaliste”.

Il suffit de regarder la façon dont il a photographié le monde du jazz ou la vie à Cuba, toujours proche de ses sujets -comme pour s’assurer qu’il pouvait leur serrer la main à tout moment-, pour comprendre : ce qui compte, c’est sa relation à l’autre et le partage de l’instant. On pourrait presque l’entendre paraphraser Robert Capa :  “Si la photo n’est pas assez bonne, c’est que tu n’es pas assez près. Et si tu n’es pas assez près, c’est que tu n’aimes pas assez celui que tu photographies.


Pour découvrir l’oeuvre de Bertrand c’est ici: https://www.bertrand-fevre.com/

L’interview Art? en 17 questions


Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
L’envie d’un bon café et d’une bonne cigarette !


L’art est-il essentiel à la vie ?
Pour moi, l’amour est essentiel à la vie. Et l’art en est sa représentation la plus idéale.


Qu’est ce qui a été le déclencheur de votre carrière/démarche dans l’art ? 
Une sensation de sensibilité singulière, un besoin de l’exprimer. Et peut-être inconsciemment un besoin d’amour par création interposée.


Quelles musiques devrions nous écouter en regardant vos oeuvres ?
Ca dépend des photos. En général je dirais du Chet Baker. Je pourrais rajouter Cigarette after Sex ou Bill Evans. Et pour mon exposition de boxe cubaine que je présente à la galerie Shadows pour les Rencontres d’Arles, je dirais Nougaro, “Quatre boules de cuir”. [Note: Exposition présentée pour Arles 2019]

Chet Baker – (c) Bertrand Fevre

Si vous étiez une oeuvre d’art, laquelle ce serait ?
Mais qui te dit que je ne le suis pas?


Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres artistes ?
Chacun est unique. Pour moi, l’acte de prendre une photo est un acte communiste. L’acte de vendre une photographie est un acte capitaliste. On est dans le conflit de notre monde pris entre le côté généreux qui consiste à offrir ce que l’on a à transmettre, et un côté spéculatif qui est de réduire cette diffusion aux plus riches, d’imposer des séries limitées sur un art qui est en fait, par nature, reproductible à souhait. Il y a l’art et le marché de l’art.


Quel est le livre que vous pouvez relire 10 fois ?
Le petit prince de Saint Exupéry.


Quelle est la dernière oeuvre d’art qui vous a fait pleurer ?
Les tableaux de Basquiat.


Quel est la chose que vous regrettez de n’avoir jamais oser faire ?
Cambrioler une banque!


Quels sont les artistes dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Beaucoup bien sûr. Jeanloup Sieff pour cet aspect de regard sur la femme et ses contrastes – HCB pour les règles qu’il a instaurées et qui sont gravées dans ma pratique – Ansel Adams – Vivian Maier-Koudelka- Salgado… J’en oublie plein, évidemment.


Ecole d’art ou autodidacte ?
Autodidacte!

Votre petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Un autre café et une autre clope.


Quelle est la photo que vous regrettez de ne pas avoir faite ?
C’est une photo sublime que j’ai vu sur internet, du photographe de Hong-Kong, Fan Ho. C’est une image très graphique avec une diagonale dessinée par la lumière et une femme seule en bas à gauche (voir ici). J’aurais vraiment aimé la faire. Et sinon un beau portrait de Marilyn.


Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
Je vois quelqu’un que j’ai trop vu, trop souvent. Je vois un mec qui se brosse les dents et qui se rase.


Vous pouvez monter l’exposition de vos rêves. Dans quel musée/galerie et  quels artistes vous exposez ?
J’irais à Cuba, parce qu’il leur manque des moyens alors que nous avons tout ce qu’il faut chez nous. J’exposerais un collectif de toutes les photos qui m’ont marqué. Et bien sûr des photographes cubains comme Alberto Korda, Raul Corrales, Osvaldo Salas et d’autres cubains contemporains.

(c) Alberto Korda

Quel est le moteur qui vous pousse à continuer ?
Je suis amoureux de la vie. La photographie pour moi est un acte amoureux. Cet état particulier, un peu perché, c’est mon moteur.


Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Parler de la mort peut être. 


Je te pose donc la question: quel est ton rapport à la mort ?
Quand j’ai des pépins, aussi graves soient-ils, ma devise est simple: “c’est toujours mieux que d’être mort”! Vivre, ressentir me paraît la plus belle chose au monde; c’est essentiel, même si c’est dans la souffrance.

Merci!

Pour découvrir l’oeuvre de Bertrand c’est ici: https://www.bertrand-fevre.com/